La notion d’expatriation, exposée dans les précédents articles de cigap.org, renvoie à l’expression d’une recherche identitaire du Sujet. Le sujet expatrié met en acte le mouvement psychique qui l’anime à savoir : celui de la séparation ou plus précisément celui de l’autonomie et indépendance en s’éloignant physiquement de ses repères familiaux et sociaux.

S’exclure du semblable

Par le truchement de cette séparation géographique, le Sujet exprime cette tentative de rompre le sentiment d’appartenance : à la famille et à la communauté originelle. Cette rupture volontaire marque le désir du Sujet à se construire en se dissociant voire en s’excluant du semblable, de l’identique pour tendre vers l’Autre, vers l’Etranger.

A travers cette rencontre, le Sujet se construit face à l’étranger, face au dissemblable. Il est à entendre cette tentative de rencontre comme la marque d’une incomplétude identificatoire à l’autre semblable. Cette incomplétude d’identification, refoulé par le Sujet, réapparaît de manière transformée par la concrétisation de l’expatriation.

En bref, le Sujet face à cette incomplète trouvaille ou re-trouvaille identitaire, face à l’autre semblable, inscrit sa recherche identitaire du côté de l’autre dissemblable par l’acte réel d’expatriation.

Partant de ce postulat, je propose de considérer la question de la généalogie et de la filiation comme éléments intégratifs du processus d’expatriation. Ce dernier marque l’instabilité positionnelle du Sujet face à la communauté d’idées, de pensées et d’idéologies originelles.

Ce processus met en mouvement, dans la réalité physique, la quête identitaire en rompant les liens avec l’originel. Cette rupture n’implique pas un état du Sujet à se sentir hors généalogie et/ou hors filiation – entraînant le risque d’une impossible transmission – mais bien d’une rupture temporaire permettant l’apprivoisement de cette transmission généalogique.

L’expatriation serait l’étape illusoire et transitoire de l’autoengendrement nécessaire à la reconnaissance de cette transmission généalogique et filiative.

Poussons plus loin : l’expatriation serait la concrétisation réelle de l’acte de différenciation nécessaire à sa quête identitaire « ses parents et ses origines deviennent des parties de son histoire et non des contenants de son histoire » D. Sibony.

Nous voyons se profiler le lien étroit entre l’expatriation et la généalogie comme résultant d’une démarche d’ouverture et de complétude pour le Sujet dans sa quête identitaire nécessitant la rupture temporaire avec l’originel. Cette séparation donne accès à la subjectivité du Sujet par confrontation à l’ouverture à l’autre, à l’alterité.

Il n’est possible de s’ouvrir à la transmission généalogique et filiative qu’à la condition d’en être séparée. Mais pour que la quête identitaire soit complète le Sujet a besoin d’assimiler – dans un second temps – cette transmission, cette fois-ci dans une Individualité distincte.

PAR VICTOR HOANG, PSYCHOLOGUE CLINICIEN,
DOCTORANT EN PSYCHO-PATHOLOGIE CLINIQUE, FRANCE -VIETNAM

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